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Féminisme et développement : le développement peut-il composer avec les inégalités de genre ? 8 juillet, 2009

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FEMINISME ET DEVELOPPEMENT : LE DEVELOPPEMENT PEUT-IL COMPOSER AVEC LES INEGALITES DE GENRE ?

La participation de tous les citoyens sans exclusion à l’œuvre du développement de la société est un principe démocratique et une exigence en matière de droit humains. En effet ; ni le sexe ni le statut social, ne doivent être des critères pour priver le citoyen quel qu’il soit de ce droit fondamental qu’est la participation au développement. Les femmes représentent plus de la moitié de la population, elles ont investi depuis des décennies le champ de la participation citoyenne et ont montré la preuve de leur engagement quotidien à contribuer à l’émergence d’une société plus démocratique, elles se mobilisent et participent activement aux processus de développement Paradoxalement ; il apparaît aujourd’hui que les bénéfices du développement sont mal répartis et les femmes sont les principales victimes. Et de plus des voix s’élèvent pour dire qu’il faut accorder plus d’importance aux femmes car elles sont plus désavantagées que les hommes. De nos jours les questions d’équité ont tendance à prendre le pas sur les revendications exclusivement féminines. Toutefois il n’est que de justice que de reconnaître le rôle pionnier joué par les féministes aussi bien dans le cadre de la lutte contre l’oppression que de l’évolution des rôles dans le développent et de ses impactes sur la libération des mentalités.

L’habilitation économique des femmes reste encore un chantier qui mérite d’être exploré ; en effet même si des initiatives des micro crédits, de la promotion de la micro entreprise et de l’auto emploi ont contribué à la réduction de la pauvreté, il est temps d’évaluer l’impact des mécanismes de la micro finance sur l’amélioration de la situation des femmes et leur autonomisation en vu de tirer des conclusions pour le futur. Les lois ne suffisent pas, dans tous les secteurs de la vie politique, administrative, économique,…il faut un dispositif et des stratégies claires et efficaces qui veillent à faire éviter toutes formes de discrimination et d’inégalité de droit à l’égard des femmes. La clarté de la vision et des objectifs est un élément important des stratégies visant à instituer l’égalité. Est-ce que l’on vise seulement l’institutionnalisation du genre ? L’égalité des sexes ? Ne cherche t-on pas en réalité à défendre simplement les droits des femmes et une meilleure justice sociale ? Notre combat n’est il pas partie intégrante d’un engagement pour un développement durable, pour un monde sans pauvreté, sans violence et moins d’inégalité.

 

L’institutionnalisation de l’approche genre n’est pas un objectif en lui-même mais un moyen qui fait parti d’un projet sociétal plus large d’évolution et de progrès. Elle présente des effets structurants, impulse et accélère le changement de la modernisation de la gestion publique pour aboutir à des services publics qui répondent aux besoins différenciés des hommes et des femmes afin de parvenir à un développent durable. Il faut traiter les préoccupations du genre comme des questions transversales pour la réalisation d’un développement durable à travers un processus d’intégration des outils de genre dans la planification, en institutionnalisant les objectifs du genre et développement ainsi que l’élaboration du matériel pédagogique et la mise en place d’un processus de renforcement des capacités en genre afin de faciliter l’intégration dans les stratégies et plans sectoriels.

 

La transformation du cadre économique affecte les hommes et les femmes d’une façon différente en effet ; les rôles, les besoins responsabilités et les contraintes propres aux femmes sont différents de ceux des hommes. Bien qu’elles aient un rôle clair dans l’économie leur contribution à la production en général,, est en grande partie masquée dans les statistiques nationales, si bien qu’elle est ignorée tant dans l’analyse économique qu’au moment de la formulation des politiques .Une telle situation représente un obstacle majeur à l’évolution d’un développement durable équilibré en terme d’égalité Hommes et femmes. Le contexte politique et économique actuel tout en préconisant la participation des femmes, n’encourage pas nécessairement une analyse des questions relatives à l’égalité genre lors de la planification et de la mise en œuvre des politiques, des programmes et projets .

 

 La mondialisation de l’économie influe de plusieurs façons sur le contexte général du développement Ainsi toutes les instances politiques et économiques ont compris que le développement durable ne peut être réalisé sans se soucier du sort des femmes et particulièrement des inégalités genres très frappante. La mondialisation a eu pour effet d’accroître de manière spectaculaire la migration et l’exploitation de la main-d’œuvre notamment féminine qui se retrouve au bas de l’échelle de la hiérarchie professionnelle.

 Il ne peut y avoir de lutte contre la pauvreté sans participation des bénéficières et que l’inégalité genre est le moteur principal de la reproduction de la pauvreté. Il s’agit donc d’intégrer les femmes pauvres en particulier dans les processus de développement et de faciliter leur participation à tous les niveaux de la vie socio économique et politique. L’objectif déclaré est de favoriser leur émancipation et d’améliorerez leur situation mais aussi de leur donner les moyens d’agir pour le bien être de la société, tant elles sont perçues comme responsable de la stabilité des familles ; de la cohésion sociale et gestionnaires des ressources naturelles. Les femmes sont les plus pauvres des pauvres, elles ne sont pas suffisamment prises en comptes pour l’accès à la terre ; à l’eau, à l’éducation, à la santé et autres services sociaux de base .Elles sont exclues à la prise de décision à tous les niveaux. La lutte contre la pauvreté et les engagements internationaux ont généré une demande croissante et diversifiée non satisfaite d’informations désagrégées selon le genre Il faut établir et analyser les statistiques relatives à la problématique genre ; ce sont les données ventilées selon le sexe qui constituent les outils indispensables permettant de faire le suivi des progrès du développement et au ciblage des politiques Des statistiques fiables ventilées selon le sexe permettent de proposer des solutions adoptées pour lutter contre la pauvreté Les analyses sexo-spécifiques des budgets permettent de mieux prendre en compte les objectifs de l’égalité entre hommes et femmes et de l’élimination de la pauvreté.

 

La multiplicité des travaux à exécuter et le temps exigé pour leur réalisation font que l’emploi du temps des femmes est surchargé et leur laisse peu de temps pour se reposer et pour faire .des activités alternatives génératrices de revenues. En effet ; malgré leur forte participation à la contribution alimentaire (80 %) l’essentiel de l’activité agricole ; les revenus tirés de cette activité ne vont aux femmes que dans une proportion de 10% par ailleurs seul 1% des terres utilisées sont contrôlées par les femmes à cause leur statut social. Ainsi ; les femmes sont obligées de s’orienter vers les activités économiques risquées telles que les productions vivrières dont le marché est incertain et saturé puisque tout le monde produit pour l’autoconsommation. Le revenu des femmes est faible parce que leur statut social limite l’accès aux facteurs de production ; en effet, cette situation enlève aux femmes la possibilité de fournir les garanties requises pour postuler à un crédit. Elles ne disposent pas de suffisamment d’épargne pour apporter la participation personnelle exigée par les règles traditionnelles du crédit. Même si elles obtenaient des crédits ; elles seraient dans l’impossibilité de rembourser car la gestion de leurs activités ne leur permet pas de générer suffisamment de revenus pour honorer leurs engagements. Cette situation de blocage les maintient dans une position de dépendance accrue et permanente..

 

Les femmes tendent à se positionner massivement dans des endroits stratégiques de l’économie et de la société ; il suffit d’une amélioration de leur statut social ; de leur implication pour obtenir des effets multiplicateurs significatifs et décisifs dans l’économie et influer ainsi le développement Comme elles gèrent la sécurité alimentaire ; une amélioration de leur productivité enclenchera un processus cumulatif d’amélioration économique et social Elles accroissent la rentabilité sociale de l’investissement car par leur intermédiaire les investissements publics ont une rentabilité sociale élevée grâce à leur souci de garantir la sécurité des membres de la famille. Les ressources publiques transitant par les femmes ont un apport coût / bénéfice très favorable pour la société Le taux d’exploitation des potentialités socio-économiques de la femme dépend évidement des performances de l’ensemble de l’économie et des moyens financiers techniques et humains mise en œuvre pour améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la société ; en particulier des femmes.

Cheikh DIAW

S.G Enfance et Paix